La BD féminine : un concentré de talent ignoré par le FIBD
Saviez-vous qu’en 44 ans d’existence, le Festival International de la Bande Dessinée n’a nommé que 2 femmes à la récompense du Grand Prix ? Il s’agit de Claire Bretécher et de Florence Cestac. Si j’aborde le sujet, c’est que la sélection des auteurs candidats au Grand Prix l’édition 2016 du FIBD s’est distingué par… son absence d’auteurs féminines. Ce n’est pourtant pas le talent qui manque parmi la gente féminine et les albums publiés ont été nombreux de par le monde (oui sur 30 auteurs sélectionnés à l’international, aucune femme n’a trouvé grâce aux yeux du jury).
Je vous propose donc dans cet article ma sélection d’albums BD 2016 issus de la créativité féminine. Contrairement aux clichés que j’entend souvent, non la BD féminine ne se résume pas qu’à des histoires girly et oui elle peut aussi intéresser les hommes (je vous jure !).
Mara – Clues (tome 4)
Margaux Kindhauser (alias Mara) tient les rennes à elle seule (sans scénariste) d’une série Polar qui se déroule à Londres durant l’ère Victorienne. Si Clues puise ses références scénaristiques dans Sherlock, le style graphique est quant à lui bien né des crayons de Mara. C’est frais et expressif.
Je suis une grande fan de Sherlock Holmes, et je m’inventais souvent des histoires qui le mettait en scène. Petit à petit une de ces histoires s’est changée en quelque chose de plus personnel, même si on y sent clairement la référence de base. Propos de Mara recueillis par le site Sceneario
Zeina Abirached – Le piano Oriental
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Un roman graphique sous fond d’autobiographie, qui nous vient tout droit d’Orient (Liban), avec un parti pris graphique en noir et blanc, voilà de quoi nous rappeler Marjane Strapi et son Persepolis me direz-vous ? Et bien pas du tout. Le style est très différent, l’histoire est moins centrée sur la politique que sur l’art de la musique et la vie de famille de Zeina. Le récit oscille entre les aspirations de son grand-père (mettre au point un piano capable de retranscrire les quarts de ton de la musique orientale) et sa vie à elle, ou plutôt sa double-culture.
Claire Fauvel – Une saison en Egypte
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2 hommes, 1 femme et 1 pays : l’Egypte. L’histoire se passe au 19e siècle et parle d’amitié, de passion et d’art. Et le registre graphique de cette BD rend justice au sujet choisi : il nous fait rêver et nous conduit tout droit en Orient !
Lisa Mandel – La fabrique pornographique
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La fabrique pornographique raconte les dessous de l’industrie du X à travers les yeux d’un vigile qui se lance dans une carrière d’acteur X et qui réalise que la réalité ne ressemble pas tout à fait à ce qu’il imaginait. Oui, Lisa Mandel dessine du sexe, et elle le fait avec beaucoup de malice. Le dessin en noir et blanc se prêtant particulièrement bien à ce sujet.
Chloé Cruchaudet – Ida
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J’avais découvert Chloé Cruchaudet grâce à sa BD « Mauvais Genre » dont le récit m’avait tenue en haleine. Si j’avais aimé son dessin d’alors au rendu presque fusain, j’aime également beaucoup celui d’IDA. Il se rapproche quand à lui plus de la peinture et chaque case est un petit tableau que l’on prend plaisir à examiner. Côté histoire, vous plongez dans les névroses d’une trentenaire hypocondriaque vivant au 19e siècle qui trouve un remède à son mal par le voyage. Une BD à ne pas rater !
Vanyda – Entre ici et ailleurs
http://www.dargaud.com/bd/Thibault-et-Coralie
Nous parlions plus haut de métissage des cultures et c’est aussi le sujet de cette BD. Vanyda étant d’origines franco-laotiennes, son style se situe à mi-chemin entre la BD franco-belge et le manga. Quant à l’histoire même d' »Entre ici et ailleurs », elle raconte la quête identitaire d’une jeune femme franco-asiatique presque trentenaire qui part à la recherche de ses racines d’enfant d’immigré. Un récit qui se rapproche furieusement d’une autobiographie comme nous le confirme l’auteure sur son blog :
« […] de toutes mes bds, je pense que c’est la plus « auto-fictionnesque » ! Je me suis toujours inspirée de mon vécu ainsi que de celui de mon entourage pour faire mes Bds, mais dans celle-ci, l’héroïne Coralie est métisse franco-laotienne et fait de la capoeira, ce qui fait quand même un contexte extrêmement proche du mien ! Heureusement, elle n’est pas dessinatrice de Bd ! » Vanyda
Pénélope Bagieu – California Dreamin’
http://www.gallimard-bd.fr/ouvrage-A65758-california_dreamin_.html
On ne la présente plus mais Pénélope Bagieu vient de sortir un nouveau roman graphique. Un biopic qui raconte la vie d’Ellen Cohen, une jeune américaine un peu trop ronde pour la société que personne ne destinait à la célébrité mais qui deviendra chanteuse plus tard sous le nom de Cass Elliot dans le groupe mythique The Mamas & the Papas (d’où le titre évocateur du tube de ce groupe). Côté dessin, Pénélope abandonne la tablette graphique pour nous offrir sa première BD entièrement réalisée au crayon. C’est spontané et c’est réussi !
Belle sélection ! Nous sommes déjà en possession du dernier Bagieu, qui est excellent. J’ajoute à ta liste l’ensemble de l’oeuvre de Marion Montaigne (série Tu mourras moins bête)
Merci J’ai essayé de mettre dans cette sélection que des auteures qui avaient publié des BD courant 2015 (et qui auraient donc été selctionnables au FIBD). Marion Montaigne pourrait donc y figurer pour son album Bizzarrama Culturologique (http://www.editions-delcourt.fr/serie/bizarrama-culturologique.html) mais pas pour sa série Tu mourras moins bête 😛 D’ailleurs si tu as des retours sur son dernier album n’hésite pas à nous en faire part, je ne l’ai pas lu et suis curieuse !