Les naufragés de Tromelin racontés en bande dessinée
Un article récent de Slate m’avait fait découvrir l’histoire incroyable d’un groupe de naufragés ayant survécu 15 ans sur une île de 1 km carré, perdue entre La Réunion, l’île Maurice et Madagascar.
L’histoire des nauvragés de Tromelin en quelques mots
Les faits se déroulent durant la deuxième moitié du 18e siècle et témoignent de la dure réalité de l’esclavagisme qui sévissait à cette période où les comptoirs coloniaux étaient légion. Avant d’échouer sur cette île inhospitalière, ces 160 malheureux avaient en effet été embarqués de force dans un navire français (L’Utile) en tant qu’esclaves, arrachés à leurs villages nichés au coeur de Madagascar. Les Français construisirent un navire de secours et laissèrent les 80 Malgaches survivants sur l’île, les condamnant ainsi à l’oubli sous couverture d’une hypothétique mission de sauvetage. 15 ans après, un bateau fut finalement envoyé et porta secours aux 7 femmes et à l’unique nourrisson survivant.
Une histoire réelle portée en BD par le trait de Sylvain Savoia
Le Musée d’Aquitaine accueille en ses murs une exposition retraçant l’histoire de ces naufragés. Un témoignage rendu possible par plusieurs missions archéologiques successives menées depuis les années 2000 sur cet îlot inhospitalier. La dernière mission embarqua notamment un auteur BD, Sylvain Savoia, qui donna vie par le dessin au récit émergeant des fouilles. C’est ainsi qu’est née la bande dessinée « Les esclaves oubliés de Tromelin » dont plusieurs planches originales sont actuellement exposées au musée d’Aquitaine de Bordeaux.
La Bande dessinée raconte en parallèle 2 histoires : celle des naufragés Malgaches à travers les yeux desquels l’auteur décrit l’histoire et celle du ressenti de ce dernier vis à vis des fouilles et des découvertes inhérentes au lieu.
« Opter pour le regard des malgaches implique de faire des choix drastiques, on est enfermés avec eux, ignorant de ce qui se passe autour. C’est parfois frustrant, mais la tension n’en est que plus forte. Propos de Sylvain Savoia »
« Une autre image forte qui m’est venue très tôt, celle du premier contact avec l’île. Le corail concassé dans la main, un instant calme, suspendu, avant de sortir de la torpeur de l’état de choc et prendre la mesure de l’horreur. Propos de Sylvain Savoia »
Personnellement, j’ai été émue par le récit. D’une part parce qu’il est authentique et basé sur des faits réels, mais aussi parce que j’ai trouvé le dessin expressif. Comme souvent, je suis cependant déçue par la mise en couleur. Les planches BD sont à mon sens plus intenses et plus puissantes en noir et blanc telles qu’exposées au musée. Le traitement lisse de la couleur atténue cette puissance narrative.
Informations pratiques :
Exposition au Musée d’Aquitaine de Bordeaux jusqu’au 30 avril 2017.
(L’exposition posera ensuite ses valises le 15 juin 2017 au Musée Basque à Bayonne)
Tarifs : 6,50 euros (réduit 3,50 euros)