Site web institutionnel : la mairie de Paris montre l’exemple
J’ai pu assister en fin de mois dernier à une conférence de Baptiste Fluzin, en charge de l’équipe créative qui est a mené la refonte du site de la Mairie. Intitulée « Design de service et services publics », cette conférence gratuite inaugurait le cycle des AFK (comprendre Away From Keyboard), des discussions mensuelles déconnectées (le public est prié de rangé tout appareil connecté et de revenir au papier et au crayon) autour de la démarche créative au sens large.
J’avais commencé à écrire un article sur le site Paris.fr mais j’attendais de pouvoir étayer un peu son contenu avant de vous le partager et l’AFK#1 m’en a donné l’opportunité. Je ne vais pas vous proposer une critique acérée du site sous un angle UX comme a pu le faire Iergo mais vous éclairer sur le process créatif qui a entouré la conception de cette interface et qui ne manque pas d’intérêt.
Un design aux inspirations européennes
Plus qu’une simple refonte cosmétique, Paris.fr souhaitait revoir en profondeur l’architecture de son information et l’image qu’il renvoyait aux Parisiens. Baptiste Fluzin a évoqué une refonte « à l’américaine » où l’aspect politique prend d’avantage de place. Pour cela, l’équipe s’est inspirée du site britannique Government Digital Service, qui a lui aussi bénéficié il y a 2 ans d’une refonte très documentée que l’on peut suivre en détail sur le Web. Par ailleurs, l’équipe municipale avait elle aussi benchmarké de son côté des sites municipaux européens en les évaluant sur divers critères : architecture, nombre de clics pour accéder à un contenu, s’il y avait ou non du contenu temps réel, la place donnée au citoyen, etc. Les bons élèves qui ressortaient étaient le site de la mairie de Stockholm ou celui d’Helsinki par exemple. Le nouveau Paris.fr puise donc davantage ses inspirations à l’étranger que dans le territoire français, et cela se comprend aisément lorsqu’on voit la piètre qualité des sites municipaux français…
Exemple de la page Cinéma : très coloré, très flat design – Refonte du site de la Mairie de Paris
Un travail particulier sur le langage
L’équipe de conception a mené un travail particulier sur le wording. Leur démarche s’inspire de celle de Russell Davies pour le site GDS qu’il a traduite dans un article intitulé « Activities not audience« . Il s’agissait de s’extraire de la vision déformée du marketing par le biais de laquelle on aborde souvent la communication en ne parlant plus d’audience, c’est à dire plus de l’utilisateur, mais de ses besoins. Parti a donc été pris de ne pas classer les utilisateurs derrière des termes à travers lesquels ils ne se reconnaissent souvent pas mais de leur donner les outils pour qu’ils trouvent rapidement l’info qui leur convient. D’où la proéminence du moteur de recherche sur la page d’accueil du site Paris.fr.
« Les mots font autant partie du design que les couleurs, ils définissent les espaces sur le site » Baptiste Fluzin lors de la conférence AFK (Sept. 2015)
Une structure modulaire pour plus de flexibilité
Devant la masse important de pages à prévoir sur cette interface, l’idée de constituer des templates a rapidement était abandonnée car elle n’était pas assez rationnelle compte tenu des délais de développement prévus (3 mois). Par ailleurs, un site comme celui d’une capitale exige forcément de la flexibilité, il n’est pas figé dans le temps et nécessite une architecture suffisamment souple pour supporter quelques aménagement. C’est pourquoi le choix s’est porté sur une structure modulaire où chaque module a été designé indépendamment et doit être associé à d’autre en suivant un living style guide élaboré par l’équipe créative.
Je vous laisse sur une image réalisée par l’illustratrice Amélie Fontaine qui retrace le parcours effectué par l’équipe de la Mairie de Paris dans ce chantier de refonte (vous pouvez par ailleurs consulter le dossier de presse relatif à cette refonte ici) :
Flashback sur le chantier de refonte du site de la mairie de Paris par Amélie Fontaine
