Conférence Graphisme & Typographie aux Arts Déco – Fête du graphisme

A l’occasion de la Fête du graphisme, un cycle de conférences se déroule tout au long du mois de Janvier 2015 dans divers lieux culturels. J’ai assisté hier à celle intitulée « Graphisme et Typographie », organisée au musées des Arts Décoratifs de Paris.

Après la projection de quelques uns des épisodes de la Web Série « Sacrés Caractères », nous avons assisté à une table ronde autour de laquelle ont débattu Jean-Baptiste Levée, Philippe Apeloïg et Jean François Porchez. Tous trois dessinateurs/concepteurs de caractères, ils ont abordé un certain nombre de sujets dont celui portant sur l’avenir de la typographie dans notre société. Ce sujet de débat m’a particulièrement intéressée. C’est pourquoi je vous en partage la teneur.

Conférence Typographie & Graphisme aux Arts Décos - © Fête du Graphisme

Conférence Typographie & Graphisme aux Arts Décos – © Fête du Graphisme

Vers une fin de la pratique manuscrite de la typographie ?

Alors que la Finlande et les États-Unis ont pris la décision d’arrêter l’apprentissage de l’écriture cursive à leurs écoliers, au profit de l’écriture scripte ET de l’écriture sur clavier, la question de l’importance de la typographie dans notre société est plus que jamais sur le devant de la scène. Dans un futur proche, ira-t-on vers une fin totale de la pratique de l’écriture manuscrite ?
Cette hypothèse relève encore de la science-fiction mais il y a lieu de s’interroger sur la place qu’occupent actuellement les caractères numériques dans nos vies quotidienne. C’est en effet eux, et non plus la plume ou le BIC, qui constituent notre principal moyen d’expression : SMS, écriture de statuts sur les réseaux sociaux, mails, etc. Chaque possesseur de smartphone ou d’ordinateur entretient donc quotidiennement une pratique de la typographie, et paradoxalement, nous ne connaissons pas grand chose sur tous ces caractères et la manière optimale de les employer. Le fait que les gens manipulent telle ou telle typographie à des fins fantaisistes (utiliser une Comic Sans dans une lettre de motivation par exemple) n’est-il pas problématique ? Cela ne nécessite-t-il pas la création d’un enseignement adéquat dans le cadre scolaire ?
La question reste ouverte, et en tant que graphiste, je ne peux que souhaiter que de telles connaissances se répandent auprès du grand public pour le sensibiliser à ces questions, ce qui aurait un impact certain sur son appréhension de notre métier comme celui d’une profession légitime, régie par des règles sensées allant au delà des simples goûts personnels.

Ne s’exprimera-t-on bientôt que par des images et des pictogrammes en lieu et place du texte ?

Il y avait aussi des intervenants autour de la table pour s’inquiéter de la suprématie de l’image comme moyen d’expression. Les débats ont notamment tourné autour de l’usage répandu des pictogrammes en remplacement des textes, plus rapides à lire et à comprendre d’après P. Apeloïg mais moins porteur de sens d’après J.F. Porchez qui rappelle qu’un pictogramme ne remplacera jamais les nuances que portent les textes. Il a cité pour exemple la signalétique créée pour l’aéroport Roissy, pour lequel le choix s’était porté sur du texte multi-lingues plutôt que des pictogrammes à cause des différences de représentation visuelle des concepts selon les cultures (les pictogrammes des toilettes avec les silhouettes masculines et féminines notamment), mais aussi lorsque les concepts sont trop proches (représenter efficacement la différence entre une cafétéria, un restaurant et un self service est plutôt ardu).

Les pictogrammes ne traduisent pas toujours toutes les nuances des mots

Les pictogrammes ne traduisent pas toujours toutes les nuances des mots

La métaphore de la typographie par le concept de garde-robe

Enfin, il est une métaphore qui m’a particulièrement séduite, c’est celle que J.B. Levée a employée pour décrire simplement ce que représentait la typographie pour lui. Il la rapproche d’une garde robe où il existe un vêtement pour chaque usage :
– Le tee-shirt à la mode que l’on portera 3, 4 fois et qui ne supportera pas le lavage à cause de sa qualité discutable (là je pense à la Lobster mais c’est très personnel),
– La petite robe noire, l’essentiel chic qui correspond parfaitement aux occasions exceptionnelles mais que l’on ne peut pas caser partout et tout le temps (la Didot ?),
– Les grands classiques, indémodables que l’on peut combiner avec des pièces dotées de plus de caractères pour effectuer des variations (l’Helvetica par exemple).

Métaphore de la garde robe pour décrire la pratique de la typographie - d'après une idée de J.B. Levée - © photo La Veilleuse Graphique

Métaphore de la garde robe pour décrire la pratique de la typographie – d’après une idée de J.B. Levée – © photo La Veilleuse Graphique

Je clôture ce compte-rendu de conférence sur cette image. Bonne fête du graphisme !

 

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