
Le concours d’affiche des fêtes de Bayonne 2014 : galerie de projets
L’affiche des fêtes de Bayonne fait l’objet depuis plusieurs années d’un concours (voir mon article sur l’historique des affiches depuis l’ouverture de la création de l’affiche au concours). La tradition voulait initialement que tout un chacun puisse proposer son affiche et qu’une sélection des meilleurs projets se fasse par les Bayonnais avant qu’un jury ne les départage.
Depuis peu, les modalités du concours ont été modifiées. Seuls les professionnels du graphisme peuvent désormais proposer un projet et le public ne peut plus voter pour ses affiches préférées. C’est un jury composé de représentants de la ville de Bayonne (représentant culturel, commerçant, association, etc) qui a aujourd’hui les pleins pouvoirs décisionnels sur ce choix. Le président du jury 2014 n’était autre que le célèbre dessinateur qui illustre les produits Kukuxumusu : Mikel Urmeneta.
L’affiche élue cette année a été dévoilée ce lundi 24 février 2014. Elle a été choisie parmi plus de 140 projets. C’est donc l’Espagnol Alfredo Léon Mañu qui a remporté le concours avec l’affiche visible ci-dessus. Le jury la décrit comme « moderne » et « primitive ». Voici quelques explications supplémentaires sur la signification de ce visuel que l’on pourrait d’ailleurs rapprocher des oeuvres de Keith Harring ou de Dubuffet :
« Une vue aérienne des Fêtes, avec ses méandres de rues bayonnaises, emplies d’animations et de surprises en tous genres. » (Le Président du Jury, Lundi 24 février)
Pour le lauréat du concours, son affiche représente : « l’essence de la fête, avec une prise de risque, un dynamisme, la couleur des Fêtes et sa musicalité. Et en même temps, dans ma proposition, la porte est libre aux interprétations. Chacun peut se l’approprier à sa guise. » (Lire l’interview ici)
Les réactions des Bayonnais ne se sont pas faites attendre et les commentaires négatifs ont été nombreux sur la page Facebook officielle des Fêtes de Bayonne. Ce lundi, les festayres attendaient le verdict avec d’autant plus d’impatience qu’ils avaient décrié l’affiche de l’édition 2013 pour son manque de corrélation avec l’esprit festif des ferias.
Cette année, c’est l’aspect élitiste du choix qui est mis en cause. L’affiche frise en effet avec l’abstraction et beaucoup ne s’y retrouvent pas. C’est donc un choix très porté sur l’Art qui a été fait cette année, peut-être au détriment du travail typographique…
Les Bayonnais réagissent et dénoncent un jury trop éloigné des goûts des festayres et remettent en cause la destination du concours aux seuls professionnels. Pourtant, la variété des propositions est bien réelle et la qualité est au rendez-vous. En témoignent ces quelques projets revendiqués par leurs créateurs :
Je vous livre également celle que j’avais proposée :
Et vous, qu’en pensez-vous de ce concours ?
Personnellement je la trouve plutôt réussie mais j’ignore le brief de départ. Vu de l’extérieur, c’est assez beau, équilibré, péchu, festif. C’est vrai que la typo aurait mérité un petit traitement de faveur. J’aime beaucoup celle d’Anthony Galerneau aussi.
En revanche je trouve ça bien que le concours soit ouvert aux seuls graphistes ; parce qu’on je le répétera jamais assez c’est un métier ! Or c’est une profession méconnue et souvent malmenée avec ses appels d’offre non rémunérés, ses concours abusifs, ses demandes de fichiers sources, etc. Ceci dit puisqu’il s’agissait d’un concours et non d’un appel d’offre, la discussion peut se poser quant aux compétiteurs… Si on accepte le principe du concours, on peut peut être aller au bout du bout mais le mieux serait encore que ce genre de travaux fassent l’objet d’une vraie commande en bonne et due forme.
http://www.agnescappadoro.com/chronotes
Oui c’est un métier, tout le monde n’a pas le même niveau sans parler de touche artistique, art, démarche etc… Et je ne pense pas que ce soit une profession méconnue bien au contraire. Malmenée ça c’est autre chose, avec les sites internet proposant des concours de création de logo pour les entreprise etc…
Par contre l’esprit des fêtes c’est justement l’ouverture de la ville à ses habitants. Si on reste dans cette logique il est normal que tout le monde puisse participer à ce concours. Après ce sera certainement un professionnel qui gagnera, mais tout le monde à sa chance.
Je partage votre avis quant à l’ouverture du concours au public, ne serait-ce qu’au niveau du processus de vote dans lequel il était auparavant impliqué.
Quant à la méconnaissance du métier de designer graphique, et au regard des commentaires qui fleurissent sur la page Facebook officielle des fêtes, j’émets un peu plus de réserve que vous. Il est évident qu’une grande majorité de personnes connaissent peu ou mal la démarche créative qui conduit à la réalisation d’une affiche.
J’ai écrit ce modeste article pour que ces personnes se rendent compte que oui, les professionnels ayant participé à cette édition 2014 du concours ont produit une grande diversité d’affiches et qu’il est dommage qu’elles ne soient pas montrées au public qui se réconcilierait peut être davantage avec le graphisme professionnel.
C’est une profession qui n’est ni plus ni moins méconnue que les autres, il faut arrêter avec ce discours ! Quand je vais chez le garagiste ou chez le charcutier, j’ignore tout de sa profession également, je veux juste qu’il répare ma voiture ou qu’il me vende un bon jambon qui me plait ! (Et du côté de Bayonne, certains sont de vrais artistes…;) Pour les graphistes, c’est pareil, on attend d’eux qu’ils comprennent la demande du client et qu’ils produisent un travail qui correspond à la demande, tout simplement… (j’entends déjà les réactions hostiles !!!)
Et il faut également arrêter de penser que les graphistes ont le monopole de la créativité ! Ok, pour un travail professionnel de qualité, on ne peut pas se passer d’un bon graphiste, mais pour créer le visuel d’une manifestation populaire comme les fêtes de Bayonne, il serait bénéfique, à tous points de vue, d’impliquer le Grand public !
Je suis d’accord avec vous sur le fait que la profession de graphiste est malmenée, mais là, encore une fois, est-elle plus malmenée que la plupart des autres professions ?? Ok, un graphiste qui participe à un appel d’offre ou à une consultation d’agences va passer quelques heures à travailler sur un projet sans savoir à l’avance s’il va décrocher le contrat, mais l’agent commercial indépendant, combien d’heures il va passer au téléphone à prospecter, à relancer, à faire et refaire des devis avant de décrocher un contrat ? La commerçante qui paie le loyer et les charges de sa boutique, qui dépense de l’argent pour acheter un stock de produit pour remplir ses rayons, Est-ce qu’elle sait à l’avance combien elle va en vendre et si elle va rentrer dans ses frais ? Si vous voulez être rémunérée pour chaque minute que vous investissez dans votre activité, il faut trouver un emploi salarié !
Bonjour @DP,
Vos propos me semblent très virulents.
Je suis pour ma part de ceux qui pensent que oui la profession est méconnue ce qui conduit à des demandes extrêmement fréquentes de travail gratuit notamment. A noter que la création d’une affiche demande plus que « quelques heures » de travail.
Ici, le propos n’était pas de lancer un grand débat sur la reconnaissance ou non du métier de graphiste. Le but était simplement de faire un article pour montrer que la participation exclusive des professionnels à ce concours avait un sens au regard des autres projets de qualité qui y ont été présentés (même si on en voit ici une infime partie).
Moi je suis d’accord que le concours des affiches soient ouvertes à tous et que le vote soit fait par les Bayonnnais. Quel désastre pour cette affiche 2014 alors que vous nous montrez des affiches qui donnent envie de faire les fêtes de Bayonne
faire voter « le public » ou « les bayonnais » ne résoudra pas le problème, se sera celui qui à le plus « d’amis » qui vont voter pour lui qui va gagner et pas forcement l’affiche qui plaira au plus grand nombre. Pas facile de trouver la bonne formule
lamentable…à l’heure où les graphistes du 64 survivent péniblement, Urmeneta a comme par hasard choisi un collègue espagnol (j’affirme adorer l’Espagne et les espagnols, pas de mauvaise interprétation)…et pourquoi umeneta à la tête du jury? J’ai personnellement vu un projet qui ressemble très très très fort à celui primé, fait par une Biarrote et même pas affiché sur cette page, bizarre…très bizarre même, où est-elle passée?. Comme toujours, si t’es pas dans le réseau, si t’as pas les bons appuis, même super doué, ben tu peux continuer à faire des affiches tous les ans pour toi tout seul ou pour ta famille et JAMAIS tu ne gagneras…FAITE VOTER LE PUBLIC et seulement lui! En outre l’affiche choisie est illisible.
La créativité est accessible à tous mais les graphistes, designers graphiques et consors ont tout de même une longueur d’avance sur les autres pour savoir les retranscrire dans un cadre et des contraintes définies par le projet.
Et oui, la profession est plus malmenée que les autres dans le sens où on lance des concours et des appels d’offres là où un peu de travail de recherche et de réflexion permettrait de choisir le style graphique d’après le book, le niveau d’expérience ou les tarifs d’un prestataire.
On préfère souvent ne pas perdre du temps et on lance un « concours » pour récolter du travail gratuit cela dorant le blason du projet et offrant presque l’énorme opportunité d’avoir l’honneur d’être choisi.
Quant à la comparaison à l’agent commercial, croyez-vous que le graphiste attends dans une pièce qu’on l’appelle ?
Non un graphiste installé peut aussi avoir des frais de bureau, frais d’agent, il décroche aussi son téléphone pour démarcher, il va aussi a des RDV pour présenter son travail, il prends aussi du temps pour consulter les nouveautés du métier et effectuer une veille qu’il pourra proposer à ses clients lors de projets, il aussi du matériel à entretenir et acheter.
Un graphiste indépendant n’est bien sur pas rémunéré pour toutes les minutes de son activité mais celle de participer à des concours pour gagner son poids en jambon ne la fera en rien avancer aussi efficacement qu’employer son temps à démarcher ou faire un véritable travail personnel.
Il en va de la responsabilité de chacun d’éviter de donner les mauvaises habitudes aux institutions car aucun cadre légal en France ne limite la demande de travail dans un concours. Et c’est vrai, puisqu’on récolte 150 affiches en lançant un simple concours ouvert, pourquoi aller perdre du temps à consulter agence ou graphiste indépendant ? Heureusement il semblerait qu’Aurélie Filipetti veuille s’y employer.
http://www.alliance-francaise-des-designers.org/blog/2014/01/20/aurelie-filippetti-annonce-sa-politique-de-design-education-a-la-culture-visuelle-et-reconnaissance-de-ses-praticiens.html
Quant au conseil de retourner au salariat, il prouve que vous avez mal cerné les tenants et les aboutissants des 2 parties…
Le visuel de l’affiche primée est ennuyeux
et que les typos ne sont pas intégrées.
Pourtant le principe est intéressant.
Grâce à ce parti-pris radical et la sobriété des couleurs
elle fait moderne mais elle n’est pas aboutie.
Dommage que ce visuel puisse être utilisable
pour différentes manifestations comme
une galerie d’Art ou commémorer un massacre…
Ça ne pourrait pas servir comme motif pour un papier peint :
trop bas de gamme.
Mais son pire défaut c’est de manquer d’impact visuel.
D’après le sondage du Sud-ouest,
près de 80% des gens ne l’apprécient pas.
Parmi eux 60 % ne l’aiment franchement pas…
Ma modeste proposition :
http://cylindre.free.fr/temp/bzo/p2.phpElle manque d’impact visuel
car trop compliquée, trop anecdotique.
Le jury de cette année cherchait qqc d’inatendu,
pas un projet dans la lignée des précédentes.
Cette affiche repose sur un concept
qui me semble facile à retenir :
« ensemble comme les doigts de la main… à Bayonne. »
Ce dessin de main peut prendre plusieurs interprétations
car la main est un de ces symboles sur-utilisés.
C’est un projet populaire destiné aux festayres
qui me semblent être plus traditionnels que
mega-branchouilles…
C’est curieux qu’il n’y ait aucune contrainte
sur le nombre de couleurs dans le briefe :
Ça reviendrait moins cher de sérigraphier en 2 voir 3 couleurs
tous ces objets destinés aux poubelles…
C’est aussi bizarre que le graphiste primé
ne s’occupe pas, après, des autres produits.
Ce serait le mieux placé pour donner un max de cohérence
graphique à l’ensemble quitte à devoir faire quelques adaptations…
L’affiche LA plus chouette c’est celle de Frédéric Etcheverry (2008) :
http://www.fetes.bayonne.fr/fileadmin/user_upload/fichiers/Photos/Fetes_de_bayonne/Les_affiches_des_Fetes/af2008.jpg
Excellent impact visuel et, en plus, elle est sympa.
à dP
« Quand je vais chez le garagiste ou chez le charcutier, j’ignore tout de sa profession également, je veux juste qu’il répare ma voiture ou qu’il me vende un bon jambon qui me plait ! »
à la différence près que dans le cas du graphiste, on ne sait même pas ce qu’on peut lui demander, puisque la majeure partie des gens n’ont absolument pas conscience du rôle (pourtant essentiel) du graphiste.
La profession de graphiste (et plus globalement celle de designer) n’est pas suffisamment reconnue justement car la multiplication du travail non rémunéré ainsi que la mise à disposition des outils du graphiste pour le grand public laisse à penser que tout le monde peut s’improviser graphiste. Hors ce n’est pas le cas, au même titre qu’il ne nous viendrait pas à l’idée de remplacer notre médecin, notre charcutier ou notre garagiste. Alors pourquoi se le permettre avec le graphiste?
Je pense que dans le cas de cette présente affiche, ce qui dérange au delà du fait qu’elle ait été réalisée par un graphiste est justement son caractère élitiste, beaucoup trop conceptuel. Beaucoup de graphistes s’amusent à jouer de la frontière mince entre art et design, mais il ne faut à mon avis jamais perdre de vue tout le contexte (historique, social…) d’un projet, de telle sorte d’y répondre de la manière la plus juste.
Dans le cas de cette affiche, le visuel est plutôt réussi, l’idée qui se cache derrière cette représentation est plutôt séduisante mais, au delà de l’usage absolument anecdotique de la typographie, se pose la question de la justesse de la réponse par rapport à la manifestation. S’il s’agissait de montrer le cadre festif et populaire des Fêtes de Bayonne, effectivement l’affiche tombe complètement à plat, car beaucoup trop complexe à décrypter (même pour des gens ayant un minimum de culture visuelle et artistique, on ne fait que trop penser effectivement à Keith Harring ou à Dubuffet).
Une affiche est une porte d’entrée à un évènement, et devrait donc être envisagé dans sa globalité (déclinaison d’une véritable identité globale aux Fêtes de Bayonne), sinon elle doit se contenter d’être une illustration, mais une illustration au plus proche du sens de la manifestation. Hors ici, la mayonnaise ne prend pas, au delà de l’impact visuel très limité de l’affiche.
Forcément, devant un tel bide, on ne peut que se dire qu’il aurait mieux valu ouvrir comme les années précédentes la participation au grand public, et ça tend une fois de plus à considérer le graphiste comme une espèce d’égocentrique qui fait de l’art, et qui se soucie peu de ceux à qui il s’adresse. Dans le cas de cette affiche, malheureusement, il s’agit d’une affiche de graphiste qui s’adresse aux graphistes. Néanmoins, faire appel à des amateurs ou à des autodidactes n’aurait pas du tout eu le même sens.
À mon avis, un bon graphiste doit être à même de faire un travail de synthèse c’est à dire d’employer à bon escient les techniques qu’il maîtrise à priori mieux que l’amateur (composition, choix des couleurs, des typographies) mais ne jamais perdre de vue la cible à laquelle il s’adresse, de telle sorte à ce qu’elle n’y reste pas hermétique, comme ici.
Autrement dit, comme le disait Sullivan, « form follows function »…